Ballade à la découverte de la faune Gersoise

Biodiversité et Repérages dans le Gers

Journal de bord – 6 janvier 2019

Depuis quelques mois, je sillonne les routes et chemins du Gers.
Dans le cadre d’une commande photographique de 8 mois, je réalise une exposition permanente pour la Cité des transitions énergétique et écologique, un projet du Conseil départemental du Gers.

Ce blog me sert de carnet de terrain. J’y partage mes recherches visuelles, mes rencontres, des images en cours. Ce ne sont pas nécessairement celles qui seront retenues pour l’expo finale, mais elles témoignent du processus.

Un matin gelé, une buse en équilibre

Ce matin-là, le 6 janvier 2019, il faisait -3°C dans la campagne gersoise.
J’ai pris la route en direction de Fleurance, et mon regard a été attiré par une buse perchée sur une branche morte.
Elle observait le sol, à l’affût des mulots.

C’est un animal très farouche. À peine ai-je levé mon appareil qu’elle s’est envolée.
Mais ce court instant suffit à nourrir ma réflexion :

La biodiversité se cache dans les détails.
Un arbre mort, que l’on croit inutile ou « à nettoyer », devient perchoir, abri, source de vie. Garder ces bois morts, c’est garder le vivant.

Observations du jour – autour de Fleurance

  • 🪶 Une buse variable

  • 🐿️ Un écureuil roux

  • 🤍 Un élanion blanc

  • 🎶 Une mésange charbonnière

 

📸 Note : je documente ces scènes en lumière naturelle, sans déranger les espèces. Mon approche reste discrète et respectueuse, fidèle à l’éthique du terrain.

Puis, j’ai suivi cet écureuil roux qui sautait de branche en branche tel un singe. J’ai souhaité ne garder que cette photo, car nous voyons bien son agilité dans les airs et sur les branches !

Ce qui est bien avec l’hiver, c’est que l’on voit beaucoup mieux les petits animaux : les feuilles ont disparu des arbres, et les mouvements dans les branches sont plus visibles.

Ce jour-là, j’ai suivi un groupe de mésanges. Ces petits oiseaux très actifs appartiennent à la famille des Paridés. Leur bec est court, leur silhouette plutôt trapue.
Elles sont arboricoles, insectivores et granivores.
Le mâle et la femelle se ressemblent beaucoup, et les jeunes ont une apparence très proche des adultes.

En hiver, la nourriture se fait rare pour les oiseaux. C’est pourquoi il est important de leur donner un petit coup de pouce, en les nourrissant jusqu’à la fin du mois de mars.

👉 Voici quelques conseils pour les aider : ICI

Rencontre sur les berges : le ragondin

Sur les berges, j’ai croisé un ragondin. Ce n’est pas vraiment l’animal qui fait rêver à première vue !
Ce gros rongeur aquatique, souvent confondu avec un castor ou une loutre, porte de nombreux noms : castor des marais, myopotame, lièvre des marais, ou encore loutre d’Amérique.

Le ragondin fait partie des mammifères rongeurs semi-aquatiques.
S’il est fascinant à observer, il est loin de faire l’unanimité…

En effet, il creuse de longs terriers dans les berges, ce qui provoque souvent de l’érosion, des glissements de terrain, ou un comblement rapide des fossés et des canaux. Lorsque les populations sont importantes, son réseau de galeries peut même fragiliser des ouvrages hydrauliques.

Par ailleurs, il perturbe l’écosystème aquatique par sa surconsommation de plantes, et la destruction de nids d’oiseaux aquatiques.

Autre problème : en Europe, il n’a pas de prédateur naturel.
Pas d’alligator, pas de puma ni de caïman pour réguler sa population…
Résultat : il prolifère, au point d’être classé officiellement parmi les espèces susceptibles d’être nuisibles.

Une famille de colverts

Un peu plus loin, sur la même berge, j’ai eu la chance d’observer une famille de canards sauvages, aussi appelés canards colverts.

Le mâle est facilement reconnaissable, surtout pendant la période nuptiale, grâce à sa tête d’un vert brillant, presque métallique, et son bec jaune vif.
Mais à l’approche de l’été, après la saison des amours, il adopte ce qu’on appelle un plumage d’éclipse : ses couleurs deviennent plus ternes, beige et brun, très proches de celles des femelles ou des jeunes. Ce camouflage temporaire lui permet de passer plus inaperçu, notamment pendant la mue où il est plus vulnérable.

Malheureusement, j’ai aussi croisé du plastique coincé dans la glace.
Et, pour couronner le tout, il y avait du papier toilette éparpillé un peu partout
C’est vraiment dommage que, de nos jours, certains considèrent encore la nature comme une poubelle à ciel ouvert.

Il est temps d’agir pour préserver ces espaces précieux. Nous avons tous un rôle à jouer pour préserver la beauté et la pureté de la nature.

Découverte des oiseaux migrateurs

Mi-novembre, avec Angèle et Nicolas, nous sommes partis au lac à la découverte de quelques oiseaux migrateurs. Là, nous avons observé des cormorans qui séchaient leurs ailes au soleil.

Ce qui m’a frappée, c’est qu’un arbre, bien que mort, reste très utile. Il sert de perchoir idéal, et cerise sur le gâteau, il est bien situé, presque au milieu du lac. Un vrai point stratégique pour les oiseaux.

J’avoue avoir été étonnée de voir des cormorans dans le Gers. On les associe généralement aux régions côtières. Mais j’ai appris qu’il existe trois genres de cormorans et 36 espèces différentes ! Le Phalacrocorax carbo sinensis, par exemple, vit exclusivement en zones humides, et le Gers se trouve être situé entre plusieurs zones où se trouvent de fortes colonies de ces oiseaux.

Cependant, les pêcheurs n’apprécient pas trop leur présence, car ces oiseaux sont très gourmands, un peu envahisseurs, et peuvent être porteurs de la grippe aviaire.

En plus des cormorans, il y a aussi dans la région des écrevisses de Louisiane, un véritable fléau écologique !

Un vol de spatules blanches

En levant la tête, quelle chance ! Un vol de spatules blanches passait au-dessus de moi.

La spatule blanche est un grand oiseau, ressemblant à un héron, avec un plumage entièrement blanc. Ce qui la rend facilement reconnaissable, c’est son bec long, large, curieusement ridé, et surtout spatulé à l’extrémité.

On les observe souvent en groupes, dans des eaux peu profondes, à la recherche de nourriture. Lorsqu’elles volent, elles adoptent une posture similaire à celle des cigognes ou des grues, avec un cou tendu et des battements rapides de leurs ailes rigides, entrecoupés de planés majestueux.

Il y a quelques décennies, la spatule blanche était considérée comme espèce en danger. Heureusement, grâce à sa protection, la population européenne est en lente expansion, ce qui est une très bonne nouvelle pour la biodiversité.

Ce magnifique oiseau est présent sur l’ensemble du continent eurasiatique à des latitudes moyennes, mais aussi sur le sous-continent indien. Pendant l’hiver, on le trouve notamment sur la côte atlantique africaine, au Djoudj, par exemple.

Rencontre avec un élanion blanc

En quittant le lac, nous avons eu la chance d’apercevoir un Élanion blanc, un petit rapace vraiment joli, à la tête imposante. Je vous l’accorde, la photo est prise de loin, mais on peut tout de même distinguer sa plumage gris et blanc, avec des épaules noires et un petit masque noir autour des yeux. Ces yeux, d’un rouge foncé, ajoutent à son regard perçant.
Ses pattes courtes sont de couleur claire, et ses doigts sont jaunes, caractéristiques de ce rapace.

Habituellement, l’Élanion blanc niche en Espagne et en Afrique. Cependant, avec le réchauffement climatique, on commence à en voir dans nos régions, bien que cet oiseau reste encore assez rare en Europe.
Il se nourrit principalement de petits rongeurs, de lézards et de gros insectes.

Un vol de palombes

Pour clore cette journée, j’ai observé un magnifique vol de palombes, des pigeons ramiers. Ces oiseaux sont adaptés à différents environnements, que ce soit en forêt, en milieu urbain ou en milieu rural.

Malheureusement, leur population est en forte diminution, en grande partie à cause de la chasse d’automne. Comme beaucoup d’animaux, les palombes ont cette habitude de rester groupées pour mieux se défendre contre les prédateurs.

La fin de cette balade

Pour conclure cette belle balade, j’ai choisi de partager une phrase de Victor Hugo qui résonne encore profondément aujourd’hui :

« C’est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain n’écoute pas. »Victor Hugo

Cette citation prend tout son sens lorsque, en terminant ma balade à Fleurance, je tombe sur ces écrits très crus laissés là, en pleine nature… Ce qui illustre bien la relation parfois compliquée que certains entretiennent avec la nature et les « autres ». 😉

Le positif de la nature et des belles rencontres

Parce qu’il est essentiel de partager le positif, et qu’il y a tant de raisons d’être optimiste, je tiens à célébrer la beauté de la nature et les belles rencontres que je fais, notamment grâce à mon métier. Un grand merci à toutes ces personnes qui partagent l’envie de bâtir un monde meilleur et qui m’offrent le privilège de découvrir leurs passions, leurs connaissances, et le fruit de leur travail.

Quelle chouette aventure que la vie, quand de belles initiatives se croisent et se partagent pour un monde plus harmonieux ! 😊

Pour clore ce partage, voici une image symbolique : l’envol d’une chouette effraie, également appelée dame blanche à l’œil perçant. Grâce à la forme de ses yeux, elle peut concentrer un maximum de lumière sur sa rétine, ce qui lui permet de chasser principalement la nuit. Elle a besoin de 50 fois moins de lumière que l’humain pour voir distinctement, un exploit de la nature !

Autrefois, on épinglait des chouettes effraies sur les portes des granges, pensant qu’elles chassaient le mauvais sort. Aujourd’hui, cette espèce est enfin protégée sur tout le territoire, et c’est un bel exemple de progrès pour la biodiversité.

Une chouette journée à vous !

Je vous souhaite une chouette journée et vous dis à très bientôt pour de nouvelles aventures ! 😊

« La mission de l’art n’est pas de copier la nature, mais de l’exprimer ! »Le chef-d’œuvre inconnu, Honoré de Balzac

Si vous aimez la faune et la flore, sachez que j’ai plein d’autres articles à partager, notamment sur la faune et la flore de Saint Arailles pour la fête de l’orchidée.